Chủ Nhật, 7 tháng 6, 2009

Lịch sử và chính trị

Viết luận văn tìm tài liệu tình cờ vào trang web của 1 ông giáo sư dạy cấp 3 của Pháp. Thật là kinh khủng, giáo viên cấp 3 mà có học vị tiến sĩ (đa số giáo viên cấp 3 ở Pháp đều có bằng Ph.D hoặc kém lắm thì cũng master, tất nhiên trừ các ông giáo viên dạy thể dục), xuất bản hàng chục quyển sách và công bố cả trăm bài báo nghiên cứu. Hơn đứt bất kỳ học giả nào của Việt Nam.
http://denis-collin.viabloga.com/
Đặc biệt ông này nghien cứu rất nhiều về chủ nghĩa Marx, nhưng món này mình không quan tâm và ngán tận cổ, chỉ đọc những gì ông ấy viết về lịch sử và chính trị thôi.

Đã đăng kí theo dõi blog của cụ, lúc nào rỗi sẽ đọc dần dần.

Nói chung viết sách như các "học giả" xôi thịt nhà mình thì mỗi tháng mình tập trung chắc viết được 1 quyển. he he. Sau này lấy vợ sẽ xin tiền vợ in sách mình viết, không ai đọc thì cũng giúp cho ma'y bà bán xôi đầu phố đỡ phải mua giấy.

"On peut dire que la science historique se construit d’abord par une patiente déconstruction de la mémoire. J’en donne quatre traits essentiels.

1. La mémoire est subjective. Elle s’inscrit toujours dans un vécu de conscient. La mémoire est ma mémoire. L’histoire vise l’objectivité. L’histoire n’est pas mon histoire, elle est posée comme existence extérieure à la conscience. La mémoire historique est toujours notre mémoire. Notre mémoire de l’histoire de France n’est pas la mémoire de l’histoire de France de nos voisins et réciproquement ! Au contraire, l’histoire implique un décentrement du regard. Ce qu’on appelle objectivité, qui est la possibilité de se changer de point de vue, de ne pas être soumis à un point de vue particulier.

2. La mémoire présuppose l’oubli comme son indispensable complément. Je ne peux me souvenir qu’en sélectionnant ce qui doit être oublié. La mémoire collective fonctionne, elle aussi, à l’oubli. On perçoit couramment l’oubli comme un pur négatif, un manque de mémoire. Mais l’oubli est comme le fond nécessaire à partir duquel peut émerger la mémoire. L’oubli est même parfois commandé, par exemple pour des raisons politiques, religieuses, etc. L’histoire (comme la psychanalyse !) vise à faire revenir l’oublié.

3. La mémoire s’inscrit dans un récit. La mémoire individuelle est ce par quoi l’individu constitue sa propre identité. Elle est entièrement pensée à partir du présent – la mémoire, c’est toujours le passé au présent. Il en va de même de la mémoire collective. Ce dont les communautés historiques gardent la trace, c’est qui constitue encore le présent. Ce qui disparaît de la mémoire collective, c’est ce qui n’a plus cours. Dans les deux cas, la mémoire est orientée dans un récit dont la fin est connue. Elle est donc nécessairement téléologique : la vérité des événements passés réside dans le présent. La science historique, dès qu’elle se veut véritablement scientifique, doit sortir du récit, précisément parce qu’elle doit sortir de la téléologie, de l’histoire orientée vers une fin idéale, c'est-à-dire, en réalité, de l’interprétation du passé en fonction du présent.

4. La mémoire ne se soucie que de l’enchaînement temporel des images – elle s’identifie à notre conscience intime du temps. Il en va de même avec la mémoire collective qui fonctionne par images (" les images d’Épinal !) L’histoire, au contraire, s’intéresse à la causalité. Les faits et les événements doivent apporter une intelligibilité de l’ensemble du processus historique.

Je sais bien que je dresse ici un portrait idéal de la science historique. Paul Ricoeur a longuement discuté des limites de la scientificité de l’histoire. Pour lui, en dépit des efforts de l’historiographie moderne, l’histoire ne peut s’émanciper du récit. La question de la causalité en histoire reste très largement en suspens. Nous savons bien que l’histoire ne se pense pas comme les sciences de la nature. Nous savons bien que les " lois " de l’histoire n’ont pas grand chose à voir avec les lois de la physique. Je suis même prêt à reprendre à mon compte la distinction de Dilthey entre sciences nomologiques et sciences herméneutiques et à placer l’histoire dans le camp de ces dernières. Mais cette séparation, si elle est fondée sur de bons arguments, n’émancipe pas pour autant l’histoire des exigences qui s’imposent aux sciences de la nature, même si " l’obligation de résultat " ne peut jamais être du même ordre.

Donc, la science historique ne peut que se placer dans une perspective de compréhension rationnelle et d’objectivité, cette perspective qui distingue radicalement le livre d’un historien d’un roman historique – sans que je veuille ici dévaloriser le roman historique comme genre littéraire. Certes l’histoire ne peut échapper au conflit des interprétations, mais la vérité scientifique reste son idéal régulateur.

Mémoire et histoire selon Pierre Nora

Cette opposition entre histoire et mémoire, Pierre Nora en fait le thème introducteur de ses " Lieux de mémoire ". Mais avec une forte connotation péjorative. Je voudrais en commenter quelques passages.

" Mémoire, histoire : loin d'être synonymes, nous prenons conscience que tout les oppose. La mémoire est la vie, toujours portée par des groupes vivants et à ce titre, elle est en évolution permanente, ouverte à la dialectique du souvenir et de l'amnésie, inconsciente de ses déformations successives, vulnérable à toutes les utilisations et manipulations, susceptible de longues latences et de soudaines revitalisations. L'histoire est la reconstruction toujours problématique et incomplète de ce qui n'est plus. La mémoire est un phénomène toujours actuel, un lien vécu au présent éternel ; l'histoire, une représentation du passé. Parce qu'elle est affective et magique, la mémoire ne s'accommode que des détails qui la confortent ; elle se nourrit de souvenirs flous, télescopants, globaux ou flottants, particuliers ou symboliques, sensible à tous les transferts, écrans, censure ou projections. L'histoire, parce que opération intellectuelle et laïcisante, appelle analyse et discours critique. La mémoire installe le souvenir dans le sacré, l'histoire l'en débusque, elle prosaïse toujours. La mémoire sourd d'un groupe qu'elle soude, ce qui revient à dire, comme Halbwachs l'a fait, qu'il y a. autant de mémoires que de groupes ; qu'elle est, par nature, multiple et démultipliée, collective, plurielle et individualisée. L'histoire, au contraire, appartient à tous et à personne, ce qui lui donne vocation à l'universel. La mémoire s'enracine dans le concret, dans l'espace, le geste, l'image et l'objet. L'histoire ne s'attache qu'aux continuités temporelles, aux évolutions et aux rapports des choses. La mémoire est un absolu et l'histoire ne connaît que le relatif. "

Jusqu’ici, je crois que l’opposition entre histoire et mémoire est correctement perçue. Mais la suite pose plus de problèmes.