Thứ Tư, 8 tháng 4, 2009

Comment se forme le patrimoine

D’après Colardelle[1], la naissance d’un patrimoine est généralement caractérisée par trois étapes : La première, spontanée, est celle où la société produit ce dont elle a besoin ; la deuxième est celle de la prise de conscience, qui s’exerce en général en faveur d’une mutation qui place hors du champ utilitaire initial l’objet produit précédemment ; enfin, la troisième est celle où cet objet a conquis une identité patrimoniale, qui justifie son statut de gestion collective. L’objet est affecté d’une valeur patrimoniale au terme d’un processus d’adoption qui s’appelle appropriation ; cette appropriation se révèle en présence de certains critères qui sont appliqués par des médiateurs, qui personnifient tout ou partie de la population. L’application des critères, aussi bien de nature explicite qu’implicite, par les médiateurs, à savoir de la procédure d’appropriation, donne lieu au phénomène de la patrimonialisation. C’est dans le passage de la deuxième à la troisième étape que naît l’idée de patrimoine. Il s’agit de trois temps qui ont des rythmes aléatoires, et qui mettent en présence des acteurs très différents.

Le patrimoine n’existe pas comme une donnée a priori. L’ensemble des biens qu’une génération veut transmettre à la suivante résulte d’une décision, c’est le résultat d’un tri dans la production humaine, d’une convention comme le définit Jean-Michel Leniaud[2] ou comme le rappelle Pascal Ory[3], d’un contrat social autour du patrimoine entre une société donnée et un objet auquel on reconnaît un intérêt, sinon universel, du moins collectif. Il s’ensuit que lorsque cet intérêt historique ou artistique n’est plus partagé par la plupart de la population, son statut de patrimoine (la conservation, la protection) pourrait apparaître à la société comme révisable, avec les conséquences qui s’ensuivent.

Un objet rentre dans le patrimoine dès qu’il perd sa valeur d’usage pour se voir affecter une valeur patrimoniale. Ce mouvement d’entrée repose sur certains critères qui constituent un corpus de valeurs, dont on a pris peu à peu conscience au fil des générations. On conserve et l’on met en valeur une œuvre ou un objet parce que cela donne une représentation de soi spécifique par rapport aux autres. L’objet d’appropriation se transforme en instrument de communication.

Ce qui devient important à travers le phénomène de patrimonialisation, c’est un certain rapport au temps et à la mémoire, qui se présente comme un rapport qui est culturellement orienté. D’un côté, la conservation du patrimoine vise à le soustraire aux effets du temps ; de l’autre, la transmission, à le soustraire à l’oubli. Ce processus, tout d’abord de choix et ensuite de légitimation, a comme caractéristique d’être partial, c'est-à-dire qu’on ne garde pas l’intégralité de la mémoire, mais seulement des morceaux. Il s’ensuit que la mémoire que l’on transmet, est « une mémoire construite en fonction d’un faisceau de représentation (du beau, du bien, de l’identité, etc.). liées à un lieu et à une époque.

La notion de patrimoine évolue en fonction du développement de la culture qui impose des critères réévalués dans la sélection des éléments patrimoniaux[4]



[1] Cf. Colladelle M. (1998), Les acteurs de la constitution du patrimoine », in Le Goff J. (sous la présidence de),

[2] Cf. Leniaud J.-M (1992), L’utopie française, Paris, Edi. Mengès, p. 5.

[3] Ory P. (1991), «De la nécessité du patrimoine » in Ory P/ (sous la direction de), De l’utilité du patrimoine : actes des colloques de la Direction du patrimoine, Paris, Ministère de la culture, Picard, p.239, note 37.

[4] VECCO (M.), Economie du patrimoine monumental, p.18.